La Folle Journée de Maître La Brige

Madame BADIN, secrétaire, brille par son absence au cabinet d' avocats de Maître La BRIGE . Deuils, mariages, naissances, maladies, tout est prétexte à éviter le travail quotidien. Exaspéré, LA BRIGE exige la démission de son employée. Mais comment discuter avec une femme qui réclame , elle, une augmentation pour continuer à ne pas travailler ?
L' humour de Courteline, avec ce dérapage d' une situation banale vers l' extravaguant, trouve dans cette saynète son accomplissement parfait .

L' homme économe ou les mille subterfuges d' un riche bourgeois LA BRIGE pour éviter les dépenses inutiles et augmenter son capital, de la course à côté de l' autobus pour ne pas payer son ticket jusqu' au pourrissement de la terrine de foie gras dans le but de ne pas la manger trop vite. >>
Feydeau, adepte du monologue au débût de sa carrière, a été très justement considéré comme un des précurseurs de théâtre de l' absurde. La lecture de ce court texte confirme ce rapprochement et l' on y trouve des réflexions que n' aurraient pas désavouées un Pierre Dac ou un Raymond Devos .

<< Maître LA BRIGE en consultation avec l' énigmatique et non moins troublante Comtesse de LA FRISOUNETTE venue divorcer d' avec son impuissant de mari victime d' une << jeunesse dévastatrice >> ........

LA BRIGE se rend à la poste pour retirer un mandat de 100 Fr. Il est reconnu par l' employée du guichet, Madame RATCUIT, qu' il rencontra il y a quelques années à l' occasion des soirées des Crottemouillaud. Après les civilités d' usage en pareille cas, LA BRIGE réclame son mandat. Mais l' emplyée se refuse à le lui remettre, arguant de l' incapacité de LA BRIGE à justifier de son identité par des papiers officiels ..........

Courteline épingle ici, avec une logique poussée à l' extrême qui débouche forcément sur le rire, les incohérences de l' Administration. Cent ans plus tard, rien n' a vraiment changé .......

De retour du bal des BRISE-MICHE, LA BRIGE et son épouse Aglaé se lancent dans une abracadabrabte scène de ménage, fruif de leur jalousie respective ....
Courteline a décortiqué, toujours avec la même arme qu' est le rire, les travers du couple où chacun trompe l' autre en s' en défendant bien sûr, mais en se le reprochant mutuellement !

LES AUTEURS

Georges Courteline et Georges Feydeau .

Que dire sur ces deux auteurs sinon qu' ils ont marqué leur époque et la nôtre, alignant tous deux une oeuvre colossale, en maniant l' humour, l' absurde et le rythme tels deux orfèvres et qu' ils ont donné au théâtre comique ses lettres de noblesse .

LE METTEUR EN SCENE

Qui assure l' adaptation et la mise en scène est né à Paris en 1960. Après avoie été l' éléve de Jean-Jacques Delbo à l' atelier de Centre Dramatique de Nice, il fonde l' Aventure Théâtrale Compagnie.
Auteur, metteur en scène, comédien, il créé grâce à cette structure ses diverses pièces récompensées par le 1er Prix d' écriture dramatique au Festival de Vence en 1998 et la publication de ses textes aux éditions Crater.
Citons quelques-unes de ces pièces ( << Le Sang de Yeux >>, << Fausse Maneuvre >>, << Un Temps de Loups >>,
Troisiéme Tir >>, << Séjour pour huit à Tadécia >> )
Il se spécialise aussi dans le travail théâtral auprès des jeunes au sein des ateliers qu' il dirige à Grasse .
Romancier, il a reçu le Prix Goya de 1 er roman en 1998 et son second roman << Les Rivages Interdits >> a paru chez Albin Michel en Avril 2000 .

LA DISTRIBUTION

( 2 comédiens - 7 personnages )
Maîte La Brige - Denis Duthieuw
Autres rôles - Karine Serralta
Metteur en scène - Luc Girerd

LA PRESSE

Luc Girerd a fort habilement conçu un montage à partir d' extraits du théâtre des deux Georges ( Feydeau et Courteline ) pour en faire une pièce à part entiére intitulée << La folle Journée du Maître La Brige >>.
Il a, bien sûr, dû se livrer à quelques concessions : Monsieur Badin change de sexe et devient une secrétaire godche et mal embouchée. Les changements de costumes de la comédienne se font à vue. Le décor se transforme sur un air de piano sautillant.
C'est le jeu dans le jeu, le théâtre qui ose affirmer qu'il n'est qu'un leurre, une illusion. La mise en scène durcit le vernis viellot d'un genre théâtral où le désir d'adultère ( rarement assouvi ) est le principal moteur de personnages-pantins que ni Feydeau, ni Courteline se semblent aimer.
Grands dénonciateurs de l' hypocrisie bourgeoise. Les deux auteurs tirent à boulets rouges sur la médiocrité d' hommes et de femmes à l' égoïsme pantagruélique.
Girerd imprime à la représentation un rythme diabolique. Piliers de la Troupe du Rhum, Denis Duthieuw ( Maitre La Brige ) et surtout Karine Serralta ( qui change de personnage à chaque scène ) assurent avec une louable énergie les impératifs de cette mise en scène rageuse. Ils sortent épuisés de ce marathon vaudevillesque. Le spectateur se frotte les tempes.
Jean-Louis Châles